Zidane, le seigneur des seigneurs, c’est moi. Le messie qui a rendu la foi au peuple de France, en gagnant la coupe du monde et imprimé la première étoile sur le maillot de la France –et la première fois est unique. Le vrai messie, c’est moi. Mes buts incroyables, mes pirouettes, mes passes venues d’ailleurs, ma volée en finale de la Champions League. Je me suis spécialisé : en finale de Coupe du Monde, je ne fais que des coups de boule. En 1998 deux buts de la tête. En 2006 une reprise de la tête trop parfaitement centrée sur Buffon, le gardien italien, qui la dégage. Et quelques minutes plus tard, un dernier coup de boule sur un Materrazzi qui m’injuriait. Carton rouge. Mon dernier geste qui m’envoie à la retraite. Je suis Zidane dont la France porte le deuil depuis ce soir-là. Deuil de ma vista, de mes courses de faux lent qui va plus vite que tout le monde, de mes mouvements géniaux. Je suis Chet Baker, le roi de la fausse nonchalance. Vous me croyez pataud et lourd, vous m’avez presque dérobé la balle… mais c’est moi qui ai deux mouvements d’avance et je vous ai déjà joué d’une élégante manière. Quand vous le comprenez, je suis déjà loin : Gennaro Gattuso disait de moi : « Jouer contre Zidane, c'est un peu comme jouer au bonneteau: tu vois la balle puis tu ne la vois plus. »