Je suis Tommy-le-maigre, le gardien de Southampton.
Il n’y a qu’un but qui soit plus piteux encore que le but contre son camp, c’est le but casquette, ce but qu’on encaisse de façon pleinement stupide. Cette expression vient d’un but que j’ai pris, face à Hull City, le 26 novembre 1927 : ma casquette est tombée sur mes yeux lors de la dernière minute du match et on a perdu 1 à 0 (à la grande joie des fans de Portsmouth).
J’étais pourtant un bon gardien : j’ai tenu 845 minutes (près de dix matchs) sans recevoir de but, j’ai reçu seulement 21 buts en 42 matchs et il a fallu attendre Liverpool en 1979 pour battre mon record. Avec mon regard suspicieux sous mon front immense, j’étais apprécié par mes coéquipiers qui se moquaient un peu de ma maigreur : avec mon tronc écourté et mes membres immenses et grêles, j’étais une araignée courageuse qui se jetait dans les pieds des adversaires et dans la boue. Après le match, mes coéquipiers se retrouvaient dans la salle de bain commune et criaient, en simulant une alarme : « Ne laissez pas sortir la bonde, nous ne voulons pas perdre Tommy ! » Tout allait bien. J’ai même été le gardien qui a fait le plus de matchs pour les Saints.
Mais il y a des jours sans. Et mon galurin qui me tombe sur les yeux au pire moment.
L’histoire méchante dit que l’incident se répéta.
Après ma retraite du football, j’ai vécu à Moxley et passais le temps en élevant des pigeons dans l’arrière-cour de ma maison victorienne.
Et en méditant sur la cruauté des hommes qui prirent ma casquette pour qualifier les buts idiots.
Thomas Allen
Original : Encres sur papier
Format A4: 21 x 29,7 cm
Reproductions : Tirage d'art sur papier Hahnemühle 310g/m² William Turner 100% coton en série limitée à 30 exemplaires
Format A4 : 21 x 29,7 cm
Oeuvre datée, inventoriée et signée de l'artiste.
Accompagnée d'un Certificat d'authenticité.
Emballée par nos soins dans un carton protecteur haute densité.
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