Dans nos villes il y a deux sociétés : les Debouts et les Couchés.
J’ai été Couché pendant tant d’années que j’ai l’impression d’être né dans la rue.
Avec le vin et la clope, je vivais de froid et de faim. Entre le parking du supermarché et le pont pour la pluie.
Mais le pire de tout c’est le regard des Debouts, peur mêlée de mépris, d’indifférence et d’oubli : c’est un coup de poing qui nous cloue bien Couchés.
Au Secours Catholique ils ont le cœur bon et le café chaud. Un jour j’y ai rencontré un ange, une femme petite avec un sourire grand et un accent plein de soleil.
Elle m’a tendu la main ; elle m’a relevé ; je suis Debout.
Oh c’est encore chancelant, je n’ai qu’une petite chambre et peu d’habits pour me changer. Et un boulot fragile. Mais je suis Debout.
Alors, toi qui es Debout et que je croise un instant dans ma rue, n’oublie pas les Couchés.
Et n’oublie pas qu’il m’a fallu aussi peu pour me relever qu’il t’en faudrait pour tomber.