A la troisième minute de arrêts de jeu, je prends mon temps.
Je dois tirer un dégagement aux six-mètres. Malgré les sifflets qui s’alourdissent de seconde en seconde, je prends mon temps. Pour en gagner. Pour avoir un peu d’image moi aussi. J’ai souffert aujourd’hui, j’ai pris cinq buts. Cela fait des années que je n’avais pas pris une manita. Et je me sais fautif au moins sur le premier pion, quand je regardais passivement Suarez et son coup de boule improbable, au lieu d’aller le boxer loin de là. Alors je prends mon temps, demande à mes coéquipiers d’aller plus loin, fais une fausse course d’élan, repart, m’arrête. Et tant pis pour le public catalan qui s’étrangle et pour les apoplexiques qui s’écroulent dans les allées. Mon entraineur me fait signe d’y aller. De ne pas en faire trop. De ne pas non plus voler la qualification que nous aurons douloureusement acquise.
Mais le dernier coup du sort arrive, c’est la feuille morte de Neymar pour le pointu de Sergi Roberto. Et je lève les bras comme un homme qui se noie.
Symbole du naufrage, je suis le joueur du PSG qui aura le plus touché le ballon lors de la Remontada.
Et les 6 buts que j’ai encaissés me vaudront d’être mis l’écart et de ne plus jamais être gardien numéro 1.