C’est fini, Hans, tu te tires. Ne viens plus jamais ici. C’est petit mais c’est chez moi. Ce que tu me proposes, c’est pas pour moi. Je ne tomberai jamais dans cet argent facile. Je ne transige pas sur mes valeurs, sur ma valeur. Mon corps vaut plus que tout ça, Hans.
Je ne travaille pas depuis quinze ans pour aller sur le trottoir. Tu sais ce que c’est, Hans, huit heures par jour dans le bruit et l’odeur d’huile ? Dans ce dialogue de sourd avec une machine qui fabrique d’autres machines ? Non, tu ne sais pas.
Et tu sais ce que c’est d’étudier tous les soirs? Jusqu’à ce que les lignes dans les livres dansent devant les yeux fatigués ? Tu ne sais rien !
Un jour je travaillerai enfin dans un bureau. Ma mère sera fière de moi: je lui offrirai d’être enfin propriétaire de son appartement. Elle pourra oublier un peu les années de plomb. Quand Rostock était aussi triste que la Baltique.
Rien ne m’arrêtera. Je suis timide mais je n’ai pas peur. Je suis une femme mais je ne suis pas faible.
Et tu te tires, Hans.