Je suis l’arbitre allemand de la Remontada. Au début du match notre brochette d’arbitres tous en jaune formait comme une gentille haie de cinq poussins devant contrôler vingt-deux fauves…
Quelques jours après ce match (qui fut un cauchemar pour moi), le PSG écrivit une lettre à l’UEFA pour dénoncer huit erreurs de ma part. En se basant sur d’anciens arbitres internationaux, ils estimaient que j’avais ignoré cinq fautes claires et avançaient que j’avais accordé les deux penalties aux catalans de façon injustifiée : la chute de Suarez sous une caresse de Marquinhos et surtout le plongeon de Meunier dans les jambes de Neymar. Ce plongeon fut sans doute le comble de mon cauchemar : Je siffle mais personne ne sait quoi. Même pas moi. C’est mon imbécile d’assistant qui a pris l’initiative. Et j’ai dû suivre. J’indique le point de pénalty. Puis je trotte pour aller parler avec lui, réfugié derrière un poteau parisien. Un essaim grossissant de maillots blancs gesticulent autour de nous. Je confirme le penalty…
Une pétition (lancée par des supporters du Real Madrid…) a aussi été lancée pour faire rejouer le match qu’ils estimaient entaché de mes multiples erreurs : elle récolta 250 000 signatures en quelques jours.
En mai 2020, l’UEFA décida de me reconnaitre comme fautif : j’ai officiellement échoué dans l’exercice de mes fonctions lors de la Remontada. Cette décision ne changea rien pour les deux équipes -mais si j’avais bien sifflé le penalty pour la faute de Mascherano sur Di Maria, il est fort probable que la Remontada n’aurait jamais existée.
Je n’ai plus jamais arbitré de grand match européen.