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Je porte la douleur d’un village fantôme.

Quand les soldats de Ouaga sont arrivés, ils ont demandé à parler aux hommes. On a tout de suite vu la colère de leurs mains. Aminata m’a dit que c’est parce qu’au début de la saison sèche on avait donné un peu de mil et de bière à des hommes trop armés qui venaient du nord dans leurs grosses voitures.

Soudain les soldats ont tiré sur tous nos hommes. Nous les femmes on courait entre les maisons en portant les enfants…

Quand je me suis réveillée, c’était la nuit et j’avais l’épaule au supplice. J’étais poisseuse du sang d’Aminata qui gisait sur moi. Je devinais des corps, partout. Les soldats faisaient un énorme feu qu’on voyait loin dans la brousse. J’ai rampé avec un seul bras, j’avais tellement mal à l’épaule. Et puis j’ai couru, couru toute la nuit et couru toutes mes forces. Le visage rouge du sang d’Aminata.

A Bobo on m’a enlevé la balle. Et on m’a dit. Les corps ont tous été brûlés. Les maisons aussi. Et les arbres. Il ne reste rien. Mon village a disparu. C’est comme s’il n’avait jamais existé. Personne avec qui pleurer. Avec qui porter le deuil.

Et c’est lourd le poids d’un village sur mes épaules suppliciées.

Adjoa

399,00 €Prix
Quantité
  • Original : Encres sur papier Canson 220g/m²

    Format A3: 29,7 x 42 cm

     

    Reproductions : Tirage d'art sur papier Hahnemühle 310g/m² William Turner 100% coton en série limitée à 30 exemplaires

    Format A4 : 21 x 29,7 cm

     

    Oeuvre datée, inventoriée et signée de l'artiste.

    Accompagnée d'un Certificat d'authenticité.

    Emballée par nos soins dans un carton protecteur haute densité.

     

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